Monday, May 8, 2023

 La révolution génomique à l'ère numérique : questions juridiques et éthiques. Le cas d'Haiti.


Au cours des dernières décennies, la génomique a connu une révolution sans précédent grâce aux avancées technologiques et numériques. La capacité à séquencer rapidement et à bas coût le génome humain a ouvert de nouvelles possibilités pour la recherche en médecine, en biologie et dans de nombreux autres domaines. Cependant, cette avancée soulève également des questions juridiques et éthiques complexes, surtout lorsqu'elle concerne des populations vulnérables et marginalisées, comme c'est le cas en Haïti.

En 2010, Haïti a été frappé par un séisme dévastateur qui a entraîné la mort de milliers de personnes et laissé des millions de personnes sans abri. Dans le sillage de cette catastrophe, de nombreuses équipes de recherche internationales sont arrivées en Haïti pour aider les survivants et les secours d'urgence. Cependant, ces équipes ont également recueilli des échantillons biologiques pour des études génétiques sans que les participants ne comprennent réellement les implications de leur consentement. Ce type de pratique soulève de graves questions éthiques, notamment en matière de respect des droits des participants et de confidentialité des données génomiques.

Les questions juridiques et éthiques entourant la génomique sont complexes et peuvent être exacerbées dans des contextes de crise humanitaire. Les populations vulnérables peuvent être particulièrement exposées à des risques de stigmatisation et de discrimination si leurs données génomiques sont utilisées de manière inappropriée. En Haïti, par exemple, il existe des inquiétudes quant à l'utilisation potentielle de ces données pour justifier des politiques discriminatoires à l'égard de certaines communautés. Certaines personnes craignaient que les chercheurs n'exploitent les échantillons pour leur propre gain, sans consulter ou compenser les communautés haïtiennes.

Ces préoccupations ont mis en évidence le besoin de mettre en place des cadres juridiques et éthiques clairs pour encadrer la collecte et l'utilisation des échantillons génétiques dans les pays en développement. Les chercheurs doivent respecter les principes éthiques de l'autonomie, de la non-malfaisance, de la bienfaisance et de la justice, ainsi que le droit des personnes à l'intimité et à la vie privée.

En réponse à ces préoccupations, plusieurs initiatives ont été lancées pour renforcer la gouvernance de la génomique dans les pays en développement. Par exemple, en 2016, l'Organisation mondiale de la santé a publié des directives pour la collecte, le stockage et le partage des échantillons génétiques dans les contextes humanitaires et de recherche.

Cependant, malgré ces initiatives, il reste encore beaucoup à faire pour garantir que la génomique soit utilisée de manière responsable et éthique dans les pays en développement. Il est essentiel que les gouvernements, les organisations et les chercheurs travaillent ensemble pour développer des cadres juridiques et éthiques clairs et équitables pour la collecte et l'utilisation des échantillons génétiques.

En conclusion, la révolution génomique offre des opportunités incroyables pour la médecine et la recherche en santé, mais elle soulève également des questions juridiques et éthiques importantes, surtout dans les pays en développement comme Haïti. Les échantillons génétiques collectés doivent être utilisés de manière responsable et éthique, en respectant les principes éthiques de l'autonomie, de la non-malfaisance, de la bienfaisance et de la justice, ainsi que le droit des personnes à l'intimité et à la vie privée.

Il est crucial que les gouvernements, les organisations et les chercheurs travaillent ensemble pour élaborer des cadres juridiques et éthiques clairs et équitables pour la collecte et l'utilisation des échantillons génétiques, en veillant à ce que les communautés concernées soient consultées et impliquées dans le processus. La gouvernance de la génomique doit être renforcée dans les pays en développement afin d'assurer que les avancées en génomique soient bénéfiques pour tous, et pas seulement pour quelques-uns.

Philogène Bernadin, Psychologue

Etudiant en Master Neuroscience & Psychology à Tomsk State University dans la Fédération de Russie

Téléphone 50937176232

Email : philogenebernadin@yahoo.fr

 

Références

  • Bolnick, D. A., Duster, T., & Fullwiley, D. (2018). The science and business of genetic ancestry testing. Science, 359(6380), 248-249.
  • Cadigan, R. J., & Henderson, G. E. (2010). Ethics and international research: the case of Haiti. New England Journal of Medicine, 363(13), 1201-1204.
  • Joly, Y., So, D., & Saulnier, K. M. (2016). Ethics and governance in the development and use of CRISPR-Cas9 for human genome editing. In Genome Editing (pp. 277-290). Springer, Cham.
  • Koenig, B. A., Lee, S. S., & Richardson, S. S. (2015). The ethics and governance of human genomic databases. Nature Reviews Genetics, 16(6), 372-382.
  • Lee, S. S., & Bolnick, D. A. (2018). Genomics, race, and health care justice. Hastings Center Report, 48(5), 11-21.
  • World Health Organization. (2016). Guidance on regulations for the transport of infectious substances 2015-2016. World Health Organization.

 

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