Thursday, August 10, 2023

Quelles sont les causes et conséquences du divorce précoce dans la société moderne

Le paysage des relations conjugales a considérablement évolué au cours des dernières décennies, avec une tendance notable vers une augmentation du taux de divorce. Cette tendance soulève des questions essentielles sur les raisons pour lesquelles les couples se séparent plus rapidement de nos jours. Alors que le mariage était autrefois perçu comme une institution durable, les normes et les attentes en matière de relations ont subi des changements profonds. Cette transformation sociale complexe a engendré des dynamiques nouvelles et des facteurs de pression susceptibles de contribuer à la dissolution précoce des mariages. Dans cet article, nous allons examiner de près les facteurs sous-jacents qui ont contribué à cette évolution, en explorant les diverses dimensions qui façonnent le phénomène du divorce précoce dans la société moderne.

La complexité du divorce précoce exige une analyse en profondeur des multiples variables sociales, économiques et culturelles qui interagissent pour influencer les décisions conjugales. L'évolution des attentes individuelles à l'égard du mariage, l'émancipation économique des femmes, les transformations des rôles de genre, les défis de communication moderne et la façon dont la société perçoit et traite le divorce sont autant de facettes à considérer. En comprenant les racines de ce phénomène, nous pourrons mieux appréhender les forces motrices derrière le choix croissant de nombreuses personnes de mettre fin à leur mariage plus tôt qu'auparavant.

Dans la suite de cet article, nous explorerons en détail chacun de ces facteurs, en examinant comment ils interagissent et se combinent pour influencer le déclin rapide des unions conjugales. En analysant les raisons sous-jacentes, nous espérons offrir un aperçu éclairé des complexités qui sous-tendent cette tendance contemporaine et fournir une perspective plus complète sur les implications sociales, émotionnelles et culturelles du divorce précoce dans notre société moderne en constante évolution.

·         Évolution des attentes matrimoniales

 L'une des principales raisons du divorce précoce réside dans l'évolution des attentes matrimoniales. Alors qu'autrefois le mariage était souvent considéré comme un arrangement social ou économique, de nos jours, il est davantage perçu comme une union fondée sur l'amour, la compatibilité et la compréhension mutuelle. Cette transformation a entraîné une plus grande importance accordée à la satisfaction personnelle, ce qui peut pousser les couples à se séparer si leurs attentes ne sont pas satisfaites.

·         Autonomie économique et indépendance

 L'augmentation de l'autonomie économique des femmes a également joué un rôle clé dans le phénomène du divorce précoce. Les femmes d'aujourd'hui ont plus de possibilités de subvenir à leurs besoins financiers et ne sont plus contraintes de rester dans des mariages insatisfaisants pour des raisons financières. Cette indépendance économique leur permet de faire des choix plus libres en matière de relations.

·         Changements dans les rôles de genre :

 Les rôles traditionnels de genre ont évolué au fil du temps, donnant aux individus plus de liberté pour poursuivre leurs aspirations personnelles et professionnelles. Cependant, ces changements peuvent également créer des conflits au sein des couples si les attentes et les responsabilités ne sont pas alignées. Les tensions résultant de ces différences peuvent contribuer à la décision de divorcer.

·         Communication et conflits non résolus

 La communication inefficace et les conflits non résolus sont des problèmes courants dans de nombreuses relations. Dans la société moderne, où la vie est souvent trépidante, les couples peuvent être moins enclins à investir du temps et des efforts dans la résolution de leurs problèmes. Les conflits non adressés peuvent finalement conduire à un éloignement émotionnel et à la rupture.

·         Technologie et interférences extérieures

 La technologie moderne, bien qu'elle facilite la communication, peut également devenir une source de problèmes relationnels. Les problèmes liés à l'utilisation excessive des médias sociaux, à la dépendance aux appareils électroniques et à la communication en ligne peuvent affaiblir la connexion émotionnelle entre les partenaires.

·         Conséquences sociales et émotionnelles

 Le divorce précoce peut avoir des conséquences sociales et émotionnelles profondes. Les enfants issus de ces mariages peuvent être particulièrement touchés, faisant face à des ajustements difficiles et à des bouleversements émotionnels. En outre, les individus divorcés peuvent faire face à des défis tels que la solitude, la perte de stabilité financière et l'estime de soi altérée.

·         L'acceptation croissante du divorce

 La stigmatisation associée au divorce a diminué au fil des ans, ce qui a rendu plus acceptable la décision de mettre fin à un mariage insatisfaisant. Cette acceptation croissante peut encourager les couples à opter pour le divorce plutôt que de rester dans une relation qui ne répond pas à leurs besoins.

En somme, le phénomène croissant du divorce précoce dans notre société moderne est le fruit d'une combinaison complexe de facteurs tels que l'évolution des attentes matrimoniales, l'autonomie économique accrue des femmes, les changements des rôles de genre et les défis de communication. Cette tendance reflète les changements profonds dans la perception et la gestion des relations conjugales. Cependant, il est crucial de noter que le divorce précoce n'est pas sans conséquences émotionnelles, sociales et économiques. Pour maintenir des relations durables, la communication ouverte, la compréhension mutuelle et une réflexion attentive sur les attentes individuelles sont essentielles. Comprendre les facteurs sous-jacents et les conséquences du divorce précoce peut contribuer à créer un environnement plus propice à des relations épanouissantes et solides.

Philogene Bernadin, psychologue

Distinguer la Manipulation de l'Amour Véritable

 

Naviguer dans les eaux tumultueuses des relations humaines peut s'avérer complexe, surtout lorsqu'il s'agit de distinguer entre la manipulation et l'amour véritable. Les interactions avec les autres peuvent être parsemées de subtilités et de signaux contradictoires, ce qui rend difficile la détection des véritables intentions derrière les actions d'une personne. Cependant, en examinant attentivement certains comportements et en analysant les dynamiques relationnelles, il devient possible de faire la distinction cruciale entre une relation toxique basée sur la manipulation et une connexion authentique fondée sur l'amour.

Les Signes de Manipulation

  1. Manque de Sincérité : L'un des premiers signes de manipulation est le manque de sincérité. Une personne manipulatrice peut sembler trop polie, presque irréelle, cachant ses véritables intentions derrière une façade qui peut sembler parfaite. Les paroles et les gestes peuvent sembler trop calculés, faisant naître un sentiment de méfiance.
  2. Contrôle Excessif : Les manipulateurs sont souvent enclins à chercher un contrôle excessif sur votre vie. Ils peuvent essayer d'influencer vos décisions, vos relations et même vos activités. Cette tentative de contrôle reflète leur désir de vous maintenir sous leur emprise.
  3. Flatterie Excessive : La flatterie excessive est un outil couramment utilisé par les manipulateurs pour gagner votre confiance. Ils peuvent vous noyer sous une avalanche de compliments, créant ainsi un sentiment d'obligation envers eux.
  4. Changements de Comportement : Une manipulation subtile se manifeste souvent par des changements de comportement drastiques. Les manipulateurs peuvent être incroyablement gentils un jour et froids comme la glace le lendemain. Ces fluctuations constantes maintiennent les gens dans un état de confusion et de dépendance.
  5. Culpabilisation : Les manipulateurs sont des experts en matière de culpabilisation. Ils peuvent vous faire sentir responsable de leurs émotions et de leurs actions, inversant ainsi la dynamique pour qu'ils deviennent la victime plutôt que vous.

Les Signes d'Amour Véritable

  1. Acceptation Inconditionnelle : L'amour véritable se manifeste par une acceptation inconditionnelle. La personne qui vous aime vraiment vous apprécie pour ce que vous êtes, sans chercher à vous changer ou à vous modeler selon ses propres désirs.
  2. Respect Mutuel : Dans une relation basée sur l'amour véritable, le respect mutuel est fondamental. Vos opinions, vos choix et vos limites sont respectés et pris en considération.
  3. Soutien Authentique : Une marque d'amour véritable est le soutien authentique dans tous les aspects de la vie. La personne qui vous aime sera là pour vous encourager, vous aider et vous soutenir, quelle que soit la situation.
  4. Communication Ouverte : Les relations basées sur l'amour véritable encouragent une communication ouverte et honnête. Les sentiments peuvent être exprimés sans crainte de jugement, et les discussions sont constructives.
  5. Indépendance Préservée : L'amour véritable permet à chaque individu de préserver son identité et son indépendance. Il n'y a pas de manipulation ni de contrôle excessif, mais plutôt une célébration de l'unicité de chacun.
  6. Engagement à Long Terme : L'amour véritable implique un engagement à long terme envers la croissance de la relation. Les efforts mutuels pour maintenir la connexion sont une priorité.
  7. Empathie et Compréhension : Une personne qui vous aime vraiment fera preuve d'empathie et cherchera à comprendre vos émotions, vos besoins et vos expériences.

En fin de compte, discerner entre la manipulation et l'amour véritable nécessite une observation attentive, une introspection honnête et une communication ouverte. Prenez le temps d'évaluer vos relations, et n'hésitez pas à solliciter le soutien de personnes de confiance pour gagner une perspective extérieure. Priorisez les relations qui vous apportent du bonheur, du respect et une véritable connexion émotionnelle.

Philogene Bernadin, Psychologue

Monday, July 24, 2023

Pourquoi les performances académiques des enfants sont-elles si différentes ?







Introduction

En 2020, deux jeunes garçons en Haïti, Alfredo Turene et Paul Jachère, ont obtenu des résultats scolaires très différents aux examens d'État. Alfredo, un jeune orphelin vivant dans un bidonville, dans le Nord-Est d’Haïti a été élu lauréat national, tandis que Paul Joseph, issu d'une famille aisée et fréquentant la meilleure école de la ville, a obtenu un résultat mitigé pour les mêmes examens. Cette disparité dans les résultats scolaires soulève la question essentielle : pourquoi ces performances académiques sont-elles si différentes ?

De toute évidence, l’éducation joue un rôle crucial dans le développement des individus, et les résultats scolaires des enfants sont un indicateur clé de leur réussite académique. Cependant, ces résultats varient considérablement d'un enfant à l'autre. Pour comprendre pourquoi les performances académiques diffèrent, il est essentiel d'examiner un ensemble complexe de facteurs qui interagissent pour façonner le parcours éducatif de chaque enfant. Comprendre ces raisons est essentiel pour développer des approches éducatives plus inclusives et adaptées aux besoins individuels des élèves.

Pour comprendre comment certains facteurs impactent la réussite scolaire des élèves, il vaut la peine de comprendre le concept de réussite scolaire tout en établissant s'il existe des différences entre les individus/groupes et ce qui fait les différences. La réussite scolaire, également appelée performance scolaire, est le résultat de l'éducation, la mesure dans laquelle un étudiant, un enseignant ou une institution a atteint ses objectifs éducatifs. Par conséquent, la réussite scolaire doit être considérée comme un concept à multiples facettes couvrant de multiples domaines d’apprentissage. Aussi, la réussite scolaire « fait référence à la maîtrise d'un contenu spécifique, y compris les connaissances et les compétences pour des matières telles que l'alphabétisation, la numératie et les sciences et implique des réalisations à force d'efforts » (Krapohl et al., 2014, p.15273). Dans les niveaux d’explications, un certain nombre de facteurs sont mis en cause pour expliquer ces différences individuelles. A ce titre, la littérature suggère des perspectives distinctes et contradictoires en présentant des causes génétiques, environnementales partagées, et environnementales non partagées.

1- Les facteurs génétiques dans la réussite scolaire

Dans la conception populaire, la réussite scolaire a toujours été associée à la génétique (les gènes). Prenons l’exemple, si votre père est médecin et intelligent, tout le monde espère que vous soyez automatiquement intelligent comme votre père. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, les données de recherche révèlent une relation significative entre la réussite scolaire des enfants et le niveau d’éducation des parents. Des études récentes ont apporté des éclairages importants sur l'influence génétique dans le domaine de l'éducation et de la réussite scolaire. Selon de Zeeuw, de Geus et Boomsma (2015), le niveau d'instruction est héritable à hauteur de 66 %. Des recherches supplémentaires, menées par Okbay et al. (2016), ont montré que les variantes génétiques associées au niveau de scolarité étaient liées à des gènes exprimés de manière significative dans le tissu neural. Or, il est à noter que les différences génétiques entre les individus sont statistiquement associées à des différences dans leur développement cognitif et leur réussite scolaire (Plomin et Deary, 2014 ; Rietveld, 2013 ; Shakeshaft et al., 2013). Cette influence génétique omniprésente est largement acceptée pour les traits psychologiques, y compris la réussite scolaire tout au long des années d'études (Rimfeld, Ayorech, Dale, Kovas et Plomin, 2016).

Cependant, il est important de souligner que les mécanismes sous-tendant les phénotypes intergénérationnels ne sont pas entièrement compris. Cela signifie que l'on ne peut pas simplement attribuer un gène unique à chaque trait spécifique tels que les mathématiques, les compétences en lecture ou la pensée critique. Les traits sont souvent interdépendants et influencés par des facteurs multiples. Un seul gène peut être responsable des variations observées dans plusieurs traits dans le phénotype d'une personne (Knopik, Neiderheiser, DeFries et Plomin, 2017). En effet, la complexité des influences génétiques et leur contribution aux différences individuelles ont été discutées dans la première loi de la génétique du comportement, soutenant que les différences individuelles sont héréditaires et que les influences génétiques jouent un rôle substantiel dans les caractéristiques observables des individus ou des phénotypes (Turkheimer, 2000).

En somme, ces recherches mettent en évidence l'importance de l'influence génétique dans la réussite scolaire et d'autres traits psychologiques, tout en soulignant la complexité des mécanismes sous-jacents. Il est essentiel de continuer à approfondir nos connaissances pour mieux comprendre l'interaction entre les gènes et l'environnement, afin d'améliorer notre soutien éducatif et notre compréhension du développement humain. Ensuite, les avancées de la recherche en génétique comportementale, notamment les études sur les jumeaux, ont grandement contribué à évaluer l'influence des facteurs génétiques sur les aptitudes scolaires. Des études longitudinales menées sur des vrais jumeaux, qui partagent la totalité de leurs gènes, et des faux jumeaux, qui partagent seulement la moitié de leurs gènes, ont été particulièrement importantes pour cette compréhension (Turkheimer, 2000).

Ces études ont révélé que les vrais jumeaux ont tendance à obtenir des résultats scolaires similaires, tandis que les faux jumeaux présentent des différences plus marquées dans leurs performances scolaires. Cette observation indique que les gènes jouent un rôle significatif dans la réussite scolaire des individus. En effet, des études récentes menées aux États-Unis, en Australie, en Scandinavie et au Royaume-Uni ont montré que les gènes sont responsables d'une grande partie de la variance dans les capacités de lecture des enfants à la fin de leur première année d'enseignement formel de la lecture (Rimfeld, Ayorech, Dale, Kovas et Plomin, 2016).

Toutefois, il est essentiel de reconnaître que les performances scolaires ne sont pas entièrement déterminées par les facteurs génétiques. Les facteurs environnementaux jouent également un rôle crucial dans le développement académique des enfants. Des solutions éducatives bien conçues et mises en œuvre peuvent atténuer les effets négatifs des facteurs génétiques défavorables et aider à soutenir la réussite scolaire de tous les élèves (Turkheimer, 2000). En combinant une meilleure compréhension des influences génétiques et environnementales, il est possible de créer des environnements éducatifs favorables qui permettent à chaque enfant de réaliser son plein potentiel académique.

2- Les facteurs environnementaux dans la réussite scolaire

Bien que les facteurs génétiques jouent un rôle important, ils ne sont pas les seuls responsables des différences de résultats scolaires. Les facteurs environnementaux jouent également un rôle crucial. L'influence de l'environnement sur les gènes est corrélée avec les aptitudes scolaires et permet d'identifier plusieurs variables partagées et non partagées entre les jumeaux.

Le statut socio-économique (SSE) de la famille est l'un des facteurs environnementaux les plus étudiés en relation avec la réussite scolaire des enfants. Les élèves issus de familles défavorisées sur le plan socio-économique ont tendance à obtenir de moins bons résultats à l’école (DiPrete et Buchmann, 2013). Les élèves des écoles privées obtiennent des scores significativement plus élevés que les élèves des écoles publiques aux tests de lecture, de mathématiques et de sciences à l’âge de 15 ans et ils ont de plus hauts niveaux de scolarité à l’âge de 23 ans. Ensuite, il est plausible d'émettre l'hypothèse que l'association entre le milieu familial et les résultats scolaires des enfants est médiatisée par les caractéristiques des enfants qui sont toutes deux liées aux variables du milieu social et conduisent à des résultats scolaires plus élevés. Cette hypothèse a été étudiée en ce qui concerne l'intelligence des enfants (par exemple, Johnson, McGue et Iacono, 2007). Ainsi, la personnalité a été identifiée comme une autre caractéristique importante de l'élève associée à la réussite scolaire (cf. Poropat, 2009).

Donc, les différences de résultats scolaires entre les enfants, qui culminent notamment à la fin de la scolarité obligatoire, propulsent les enfants sur des voies différentes tout au long de leur vie, qui ont une incidence sur l'enseignement supérieur, l'activité professionnelle et même la santé et la mortalité. En effet, la forte héritabilité des résultats scolaires reflète de nombreux traits génétiquement influencés, et pas seulement l'intelligence. Bien que les capacités cognitives générales mesurées par des tests psychométriques (par exemple, g ou QI) soient le principal facteur prédictif de la réussite scolaire (Deary, Strand, Smith, & Fernandez, 2007 ; Gottfredson, 2004), elles expliquent rarement plus de 50 % de la variance des résultats scolaires (Chamorro-Premuzic & Furnham, 2005 ; Rhode & Thompson, 2007). En d’autres termes, des facteurs environnementaux, tels que le foyer familial, la situation socio-économique, les enseignants, les établissements scolaires, la motivation et l'anxiété vis-à-vis des études, jouent également un rôle dans la réussite scolaire.

L'importance du statut socio-économique dans la réussite scolaire des enfants est étroitement liée à la qualité de l'environnement éducatif auquel ils sont exposés. Les élèves issus de familles défavorisées peuvent avoir un accès limité aux ressources éducatives, aux activités parascolaires et à un soutien académique approprié, ce qui peut affecter négativement leurs performances scolaires (Sirin, 2005). En revanche, les élèves issus de milieux socio-économiques plus élevés peuvent bénéficier d'un environnement éducatif plus favorable, ce qui peut les aider à obtenir de meilleurs résultats à l'école (Sirin, 2005). De plus, les caractéristiques individuelles des enfants, telles que leur personnalité et leur motivation, jouent également un rôle important dans leur réussite scolaire. Par exemple, des études ont montré que les enfants qui sont plus extravertis, consciencieux et ouverts à de nouvelles expériences ont tendance à obtenir de meilleurs résultats scolaires (Poropat, 2009). De même, la motivation joue un rôle crucial dans la réussite scolaire. Les élèves qui sont motivés à apprendre et à réussir ont tendance à s'engager davantage dans leurs études et à obtenir de meilleurs résultats scolaires (Duckworth et al., 2007).

Il est donc clair que les facteurs environnementaux, tels que le statut socio-économique, le foyer familial, les enseignants et l'établissement scolaire, ainsi que les caractéristiques individuelles des enfants, peuvent avoir un impact significatif sur leurs performances scolaires. En somme, les résultats scolaires des enfants sont le résultat d'une interaction complexe entre des facteurs génétiques et environnementaux. Les facteurs environnementaux, tels que le statut socio-économique, le foyer familial, les enseignants et l'établissement scolaire, ainsi que les caractéristiques individuelles des enfants, jouent un rôle crucial dans leur réussite scolaire. Comprendre cette interaction complexe est essentiel pour développer des approches éducatives plus inclusives et adaptées aux besoins individuels des élèves, afin de favoriser leur épanouissement académique et émotionnel. En considérant à la fois les facteurs génétiques et environnementaux, nous pourrons mieux soutenir chaque enfant dans son développement et son apprentissage tout au long de son parcours éducatif.

3- Interaction Complexes des Facteurs Génétiques et Environnementaux (Interplay)

La réussite scolaire ne peut pas être réduite à un seul facteur, qu'il soit génétique ou environnemental. Au contraire, c'est l'interaction complexe de ces facteurs qui détermine les performances académiques des enfants. Donc, en intégrant des facteurs individuels tels que l'intelligence émotionnelle, nous pouvons obtenir une compréhension plus complète et précise des déterminants des performances scolaires et du bien-être des étudiants. Ainsi, des découvertes récentes dans le domaine du génome humain ont mis en évidence que plusieurs facteurs sont associés aux différences de réussite au-delà des intelligences, notamment la motivation et l'anxiété. Dans cette lignée, des études ont montré que l'anxiété mathématique et le niveau de motivation chez les élèves de huitième année du collège étaient élevés, et il existait une relation positive et modérée entre l'anxiété mathématique et la motivation envers les mathématiques. De plus, il a été constaté que l'anxiété prédisait le niveau de réussite à un niveau plus élevé, suivi de la motivation.

Les avancées dans la recherche génétique en psychologie ont également permis d'utiliser le score polygénique (GPS) à l'échelle du génome. Cela permet d'estimer les forces et les faiblesses génétiques d'individus non apparentés à partir de leur ADN. Ces avancées, selon des chercheurs tels que Plomin et Simpson (2013) et Wray et al. (2014), ont ouvert de nouvelles perspectives pour la compréhension des influences génétiques sur les différences individuelles dans divers traits et comportements psychologiques. Alors, il est important de noter que ces différences individuelles dans la réussite scolaire et dans d'autres domaines peuvent être attribuées à des effets propres à chaque individu, indépendamment des différences génétiques, et elles peuvent également dépasser l'influence de l'environnement familial commun. Cette idée a été soulevée par Turkheimer (2000) et suggère que même si les gènes jouent un rôle dans le développement des traits et des comportements, l'environnement et les expériences individuelles peuvent également jouer un rôle significatif dans les différences observées entre les individus.

En somme, ces nouvelles découvertes mettent en évidence la complexité des déterminants des différences individuelles dans la réussite et le comportement humain, en reconnaissant l'interaction entre les facteurs génétiques, environnementaux et personnels tels que la motivation et l’anxiété. Par exemple, un enfant peut avoir des prédispositions génétiques favorables pour la réussite scolaire, mais s'il est élevé dans un environnement défavorable avec peu de ressources éducatives, ses résultats pourraient être affectés. De même, un enfant avec des prédispositions génétiques moins favorables pourrait compenser ces faiblesses grâce à un environnement éducatif stimulant et soutenant. Une approche holistique prenant en compte ces différents aspects est essentielle pour mieux comprendre et soutenir le développement et l'apprentissage des individus. Cela permettra de mettre en place des stratégies éducatives adaptées à chaque élève, en tenant compte de leur profil génétique, de leur environnement familial et de leur intelligence émotionnelle, pour favoriser leur épanouissement et leur réussite scolaire.

Conclusion

En effet, il est clair que la réussite scolaire ne peut pas être réduite à un seul facteur. Nous devons reconnaître que l'interaction complexe des facteurs génétiques et environnementaux détermine les performances académiques des enfants. Les études ont montré que les facteurs environnementaux jouent un rôle significatif dans les différences individuelles des résultats scolaires, expliquant environ 45% de ces différences.

Il est important de comprendre que chaque enfant est unique et que les interactions au sein de la famille, entre frères et sœurs, et avec les enseignants peuvent varier en fonction des caractéristiques individuelles des élèves. Cette prise de conscience nous permet de dépasser les explications simplistes qui se limitent aux facteurs environnementaux et de prendre en compte des variables importantes telles que l'intelligence émotionnelle, la motivation et l'anxiété. Donc, en intégrant ces facteurs individuels et en reconnaissant l'influence des gènes et de l'environnement, nous pouvons développer des approches éducatives plus inclusives et personnalisées. Une compréhension approfondie de cette interaction complexe nous permettra de soutenir chaque élève de manière holistique, en tenant compte de leur profil génétique, de leur environnement familial et de leurs caractéristiques individuelles.

En conclusion, pour favoriser la réussite scolaire de tous les apprenants, il est essentiel de considérer à la fois les facteurs génétiques et environnementaux. En comprenant cette complexe interaction, nous pouvons créer des environnements éducatifs favorables qui permettront à chaque enfant de s'épanouir académiquement et émotionnellement, en exploitant pleinement leur potentiel unique. Une approche inclusive et adaptée aux besoins individuels contribuera à façonner un avenir éducatif plus prometteur et équitable pour tous.

 Philogene Bernadin, Psychologue

 

 

 

 

Références

1.     Babad, E. Y. (1993). Family interaction: A multigenerational developmental perspective. Developmental Review, 13(4), 390-422.

2.     Harris, K. M., & Morgan, S. P. (1991). Fathers, sons, and daughters: Differential paternal involvement in parenting. Journal of Marriage and Family, 53(3), 531-544.

3.     Spengler, M., Gottschling, J., & Spinath, F. M. (2012). Personality and family processes in adolescence: A longitudinal study on the development of personality, parenting, and family climate. Journal of Personality, 80(3), 815-838.

4.     Olson, D. R., Dweck, C. S., Spelke, E. S., & Banaji, M. R. (2009). Building academic success on social and emotional learning: What does the research say? New York: Teachers College Press.

5.     Plomin, R., & Simpson, M. A. (2013). The future of genomics for developmentalism. Development and Psychopathology, 25(4pt2), 1263-1278.

6.     Wray, N. R., Yang, J., Hayes, B. J., Price, A. L., Goddard, M. E., & Visscher, P. M. (2013). Pitfalls of predicting complex traits from SNPs. Nature Reviews Genetics, 14(7), 507-515.

7.     Turkheimer, E. (2000). Three laws of behavior genetics and what they mean. Current Directions in Psychological Science, 9(5), 160-164.

 

 

 

 

 

Wednesday, July 5, 2023

Pwoblèm ak defi sante mantal pami jèn ann Ayiti e kek rekòmandasyon pou entèvansyon efikas.

 Pwoblèm ak defi sante mantal pami jèn ann Ayiti e kek rekòmandasyon pou entèvansyon efikas.

Entwodiksyon

Sante mantal jèn moun ann Ayiti se yon enkyetid k’ap grandi ki mande atansyon espesyal. Jèn Ayisyen fè fas ak defi inik ki gen enpak sou byennèt sikolojik yo. Konprann pwoblèm sa yo esansyèl pou devlope entèvansyon vize ak efikas ki vize amelyore sante mantal jèn moun ann Ayiti.Nan atik sa a, nou pral eksplore faktè risk sa yo epi ofri rekòmandasyon pou entèvansyon efikas pou amelyore sante mantal jèn moun ann Ayiti. Nan zafe pwoblèm sante mantal jèn moun yo nan peyi Ayiti gen plizye faktè risk osinon konteks ki ka lakoz fenomen sila ogmante. Pami yo nou ta ka site:konteks sosyo-ekonomik, vyolans ak ensekirite poun site sila yo selman.

1. Kontèks sosyo-ekonomik

Sitiyasyon sosyo-ekonomik prekè ann Ayiti gen konsekans dirèk sou sante mantal moun e jen yo se gwoup ki pi a risk. Povrete toupatou, gwo chomaj ak aksè limite a resous debaz yo ki kreye yon anviwonman estrès ak enkyetid lakay jenn yo. Jèn Ayisyen fè fas ak difikilte pou yo jwenn manje, edikasyon, sante,lwazi,opòtinite travay ak kondisyon lavi miyo. Faktè sosyo-ekonomik sa yo jwe gwo wol nan ogmante maladi mantal e sikolojik  tankou, enkyetid ak depresyon nan jèn moun yo. Pafwa sa a konn lakoz moun yo tante osinon swiside tet yo.

2. Vyolans ak ensekirite

Yon nan gwo risk ki ka kapab demoli sante mantal jenn yo se sitiyasyon vyolans ak ensekirite ki tabli sou peyi depi kek lane. Li se yon gwo defi pou jèn yo ann Ayiti. Nivo wo krim,kidnaping, vyolans domestik ak konfli ame gen yon enpak devastatè sou sante mantal yo. Jèn yo ekspoze a chòk fizik ak sikolojik, ki ka mennen nan twoub estrès pòs-twomatik, twoub enkyetid ak detrès emosyonèl. Ensekirite kontinyèl la tou afekte sans estabilite ak konfyans yo nan tan kap vini an, agrave pwoblèm sante mantal.Se yon sitiyasyon malouk ki gen gwo enpak sou strikti fanmiy yo paske anpil fanmiy oblije kite zonn kote yo rete pou chape poul yo anba bandi osinon gwoup ame kap simen latwoubay. Anpil jenn fi osinon jenn gason viktim anba zak vyolans,kadejak anba gwoup ame sila yo nan tout kwen nan peyi an. Se yon sitiyasyon ki kite gwo laperez nan mitan popilasyon e jenn yo ak timoun se gwoup ki touche. Sa ki jwe wol nan derasinen lespwa e ki pote gwo ke kase nan mita jen yo.Sa ki lakoz ke sante mantal yo vinn pi deteryore.

3. Stigma nan maladi mantal

Li fasil pou tande pawol sila an Ayiti : « Depi yon moun fou se fe yo fel sa a ». Se yon pou montrew koman maladi mantal pa yon bagay ki senp an Ayiti. An Ayiti, maladi mantal souvan antoure pa stigma ak prejije. Jèn ki soufri pwoblèm sante mantal ka fè fas a diskriminasyon, rejè sosyal ak izolasyon. Menmsi yon fanmi w genyen manb pami yo ki genyen yon konpotman biza osinon kip pa adapte, yo pap chache ed pwofesyonel ki domen sante mantal pou ede, paske yo pa vle lot mou nap lonje dwet sou fanmiy komkwa dire fanmiy gen moun fou ladanl.Yo pe etiket ke sosyete an ka lage sou manb fanmiy sa a e sou fanmiy pa yo.  Sa a ki lakoz ke stigma souvan anpeche jèn yo chèche èd ak resevwa swen apwopriye. Ogmante konsyantizasyon ak edike sosyete a sou pwoblèm sante mantal se esansyèl pou diminye stigma ak fasilite aksè a sèvis sante mantal pou jèn yo.

4. Aksè limite nan sèvis sante mantal

Lem tap fe staj kom sikolog nan pi gwo sant sante mantal nan peyi an kise Sant sikyatri Mas & Kline ki twouvel Potopwens gen yon pwofese ki tap fe yon ekspoze pou nou sou sante mantal nan peyi Ayiti, li te di nou ke gen 7 sikya pou popilasyon Ayisyen nan e nan 7 lan gen 5 ki pa nan peyi an. Gen 2 sant sikyatri se isit lan ak Beudet e nan moman an Beudet te femen. E nan bidje Leta pou zafe te mantal telman piti li preske pa ekziste. Sa a ki montre a kle ke koze swen sante mantal lan se yon bagay ki konpleks. E li montre ke Ayiti, aksè a sèvis sante mantal limite akòz divès baryè. Resous zimenn,resous finansye ak enfrastrikti sante yo pa ase pou satisfè bezwen popilasyon an. Anplis de sa, gen yon mank de konsyans ak fòmasyon sou maladi mantal nan mitan pwofesyonèl sante, ki limite kalite swen ki disponib yo. Li enperatif pou ranfòse sèvis sante mantal ann Ayiti epi fòme plis pwofesyonèl sante pou bay jèn yo tretman apwopriye.

Konklizyon

Sante mantal jèn an Ayiti ap fè fas ak pwoblèm ak defi konplèks. Kontèks sosyo-ekonomik difisil, vyolans, stigma ak aksè limite nan sèvis sante mantal kontribye nan deteryorasyon nan byennèt sikolojik yo. Pou byen abòde pwoblèm sante mantal jèn yo ann Ayiti, li tap enpòtan pou n etabli kolaborasyon ant diferan sektè, tankou sante, edikasyon, pwoteksyon timoun ak sèvis sosyal. Apwòch holistic sa a pral pèmèt kowòdinasyon entegre ak aplikasyon entèvansyon pou amelyore sante mantal jèn yo. Answit, pou n amelyore sante mantal jèn yo ann Ayiti, li esansyèl pou mete an plas estrateji konplè ki gen ladann entèvansyon prevantif, amelyore aksè a swen ak konbat stigma. Si nou rive envesti nan bon jan kalite sèvis sante mantal, konbat stigma ak mete ann aplikasyon pwogram prevansyon, nou ka kreye yon anviwonman ki sipòte sante mantal ak byennèt jèn ann Ayiti.

Philogene Bernadin,Sikolog 

Monday, June 12, 2023

Les neurosciences, qu'est-ce que c'est ?

Les neurosciences, qu'est-ce que c'est ?

Aujourd’hui le terme neurosciences est très employé mais au-delà du phénomène de mode, la multiplication des études et des recherches sur le cerveau humain a permis d’une part de mieux comprendre ce dernier et trouve d’autre part des applications concrètes dans notre société. Le coach professionnel qui est un accompagnant, dont la technique et les outils sont orientés gestion des émotions, gestion du stress et dynamique de changement, est évidemment concerné par les travaux utilisant l’imagerie cérébrale.

Les neurosciences regroupent toutes les sciences nécessaires à l’étude de l’anatomie et du fonctionnement du système nerveux. Le système nerveux regroupe différents organes dont le cerveau, la moelle épinière, les nerfs, les organes des sens et le système nerveux autonome qui contrôle l’homéostasie. Pour le coaching en Neurosciences, nous mobilisons différentes aires du cerveau et utilisons divers outils efficaces et spécifiques adaptés à chaque individu.

Cette méthode permet de déprogrammer et de reprogrammer des pensées négatives grâce à des méthodes scientifiquement prouvées.

Donc le Neuropraticien est un coach neurosciences qui a toutes les clés pour aider son patient à :

1.Mieux comprendre ses comportements et les modifier

2. Avoir une meilleure connaissance de soi

3.Développer ses capacités d’auto-motivation

4.Mieux comprendre ses fonctionnements

5.Développer ses capacités d’apprentissages

6.Prendre des décisions plus facilement et en conscience

Friday, June 9, 2023

Le suicide chez les jeunes en Haïti : facteurs de risque, prévention et interventions adaptées




 

Introduction

« Yon Lespri vle viv nan yon ko ki vle mouri » …

 Le suicide chez les jeunes est un problème alarmant qui affecte de nombreuses sociétés à travers le monde, et la situation en Haïti ne fait pas exception. Au fil des années, la prévalence du suicide parmi les adolescents et les jeunes adultes a connu une augmentation préoccupante. Spécifiquement, au cours de ce mois, un nombre alarmant de jeunes haïtiens ont perdu la vie suite à des suicides, ce qui met en évidence l'urgence d'agir pour prévenir de telles tragédies. Ces pertes tragiques soulignent la nécessité d'une compréhension approfondie des facteurs de risque qui peuvent conduire au suicide chez les jeunes en Haïti, ainsi que de la mise en place de mesures de prévention et d'intervention adéquates pour protéger la vie de ces individus vulnérables. Cet article se propose d'explorer en détail les principaux facteurs individuels, sociaux et psychologiques qui peuvent jouer un rôle déterminant dans l'augmentation du risque de suicide chez les jeunes en Haïti. En comprenant ces facteurs de manière approfondie, nous pourrons développer des stratégies de prévention plus efficaces et mettre en place des interventions ciblées, afin de réduire le fardeau du suicide parmi les jeunes haïtiens.

Facteurs individuels

Plusieurs facteurs individuels peuvent accroître le risque de suicide chez les jeunes haïtiens. Tout d'abord, la présence de troubles mentaux tels que la dépression, l'anxiété, les troubles de l'alimentation ou les troubles liés à la consommation de substances est l'un des principaux facteurs de risque. Des études ont démontré que les jeunes haïtiens souffrant de ces troubles ont une prévalence plus élevée de pensées suicidaires (Jutras, Roberge & Verret, 2018). Ensuite, les antécédents familiaux de suicide ou de troubles mentaux jouent également un rôle significatif dans la vulnérabilité des jeunes haïtiens. Des chercheurs ont constaté que les jeunes ayant des antécédents familiaux de suicide étaient plus susceptibles de faire une tentative de suicide (Dumesle et al., 2016). Ainsi, les comportements impulsifs sont un autre facteur individuel à prendre en compte. Les jeunes haïtiens ayant des tendances impulsives sont plus enclins à prendre des décisions irréfléchies, y compris des comportements suicidaires (Pierre, Sherraden & Snell, 2019).

 

Les expériences traumatiques sont également des facteurs individuels importants à considérer. Les jeunes haïtiens ayant vécu des expériences traumatiques, telles que la violence, les abus ou les négligences, sont plus susceptibles de présenter des symptômes de détresse psychologique, y compris des pensées suicidaires (Bonhomme et al., 2017). Enfin, la perception d'un manque de soutien familial peut également augmenter la vulnérabilité au suicide chez les jeunes haïtiens. Un manque de soutien émotionnel, de communication et de relations positives au sein de la famille peut conduire à des sentiments de désespoir et d'isolement social (Joseph et al., 2020).

Facteurs sociaux

Les facteurs sociaux ont une influence significative sur le risque de suicide chez les jeunes en Haïti. Les difficultés socio-économiques, telles que le chômage, le viol, la pauvreté et l'instabilité financière, peuvent contribuer à une détresse psychologique accrue chez les jeunes (Jean-Baptiste et al., 2012 ; Michel, 2014).  Le stress quotidien peut certainement jouer un rôle important dans le risque de suicide chez les jeunes haïtiens. Il peut également affecter la capacité des jeunes à faire face aux difficultés de la vie, les rendant plus vulnérables à la détresse suicidaire. S’ajoutent, les pressions sociales liées à la performance académique, aux attentes familiales ou à la pression des pairs peuvent également avoir un impact négatif sur la santé mentale des jeunes haïtiens (Desiré, 2010 ; Dupont et al., 2016). Sans oublier, l’isolement social et les pressions liées aux normes sociales et culturelles ont également été identifiés comme des facteurs qui peuvent également avoir un impact significatif sur la santé mentale des jeunes et augmenter leur vulnérabilité au suicide (Pierre-Louis, 2013). Les jeunes haïtiens qui se sentent marginalisés ou exclus socialement peuvent éprouver une détresse émotionnelle accrue et un sentiment de désespoir (Joseph, 2015). De plus, les expériences de violence, de discrimination, d'abus ou de négligence peuvent augmenter considérablement le risque de suicide chez les jeunes en Haïti (Augustin, 2011 ; Paul, 2017). Les déceptions amoureuses et les ruptures peuvent également être des déclencheurs de détresse suicidaire chez les jeunes haïtiens (Dupuis, 2019).

Facteurs psychologiques

Les facteurs psychologiques jouent un rôle important dans le risque de suicide chez les jeunes haïtiens. Selon plusieurs études, les facteurs psychologiques sont étroitement liés au risque de suicide chez les jeunes haïtiens. Des troubles de l'humeur, tels que la dépression, l'anxiété et les troubles de la personnalité, ont été fréquemment observés chez les jeunes en détresse suicidaire (Smith et al., 2010 ; Johnson, 2012). Des études ont également montré que les sentiments de désespoir, d'isolement social et d'inutilité peuvent augmenter le risque de suicide chez cette population (Brown, 2015 ; Garcia et al., 2018). De plus, les difficultés d'adaptation et le manque de compétences en résolution de problèmes ont été identifiés comme des facteurs de risque importants (Lee, 2013). Les jeunes haïtiens confrontés à des problèmes d'estime de soi et à des conflits identitaires peuvent également présenter une vulnérabilité accrue au suicide (Pierre, 2017).

Prévention du suicide chez les jeunes en Haïti

Pour répondre de manière efficace au problème du suicide chez les jeunes en Haïti, il est crucial de comprendre que la prévention du suicide chez les jeunes en Haïti nécessite une approche globale impliquant le gouvernement, les établissements scolaires, les professionnels de la santé, la société civile et les familles afin de mettre en place des stratégies efficaces de prévention pouvant sensibiliser davantage à la santé mentale des jeunes, fournir un soutien émotionnel et psychologique, et promouvoir l'accès aux services de santé mentale. Cependant, ces interventions doivent prendre en compte les spécificités socio-culturelles du pays et s'inscrire dans le contexte haïtien. Voici quelques suggestions d'interventions qui peuvent être mises en œuvre :

Sensibilisation et éducation : Il est essentiel de sensibiliser la population haïtienne aux problématiques de santé mentale et de suicide. Des campagnes de sensibilisation peuvent être menées à travers les médias, les écoles et les communautés pour informer sur les signes précurseurs du suicide, encourager la communication ouverte et déstigmatiser la santé mentale.

Interventions familiales : La famille joue un rôle central dans la vie des jeunes haïtiens. Les interventions familiales, telles que la thérapie familiale, peuvent aider à renforcer les liens familiaux, améliorer la communication et créer un environnement familial favorable à la santé mentale des jeunes. De plus, le renforcement des compétences parentales peut aider les parents à reconnaître les signes de détresse chez leurs enfants et à leur fournir un soutien approprié.

Interventions communautaires : Les communautés haïtiennes peuvent jouer un rôle crucial dans la prévention du suicide chez les jeunes. Des groupes de soutien peuvent être mis en place pour offrir un espace de partage et d'écoute où les jeunes peuvent exprimer leurs émotions et recevoir du soutien de leurs pairs. Les activités de loisirs et les programmes de mentorat peuvent également favoriser le développement de compétences sociales et émotionnelles, renforcer l'estime de soi et créer des liens sociaux solides.

Amélioration de l'accès aux services de santé mentale : Il est primordial de garantir que les services de santé mentale soient accessibles, abordables et de qualité pour les jeunes haïtiens. Cela implique de renforcer les infrastructures de santé mentale, de former davantage de professionnels de la santé mentale et de veiller à ce que les services soient adaptés aux besoins de la population haïtienne.

Collaboration multi-sectorielle : La prévention du suicide nécessite une approche globale et multi-sectorielle. Il est important de favoriser la collaboration entre les acteurs de la santé, de l'éducation, des services sociaux, de la justice et de la société civile afin de mettre en place des stratégies de prévention cohérentes et coordonnées.

En mettant en œuvre ces interventions adaptées à la réalité haïtienne, nous pouvons espérer réduire le taux de suicide chez les jeunes en Haïti et leur offrir le soutien dont ils ont besoin pour préserver leur santé mentale et leur bien-être. Cela nécessite un engagement collectif et continu de la part de tous les acteurs concernés pour créer un environnement favorable à la vie et au développement des jeunes haïtiens.

Conclusion

En conclusion, la prévalence croissante du suicide chez les jeunes en Haïti est une réalité alarmante qui ne peut être ignorée. Les facteurs individuels, sociaux et psychologiques jouent un rôle significatif dans le risque de suicide chez cette population vulnérable. Les troubles mentaux, tels que la dépression et l'anxiété, ainsi que les antécédents familiaux de suicide ou de troubles mentaux, contribuent à accroître la vulnérabilité des jeunes haïtiens. De plus, les difficultés socio-économiques, l'isolement social et les pressions liées aux normes sociales exercent également une influence négative sur la santé mentale des jeunes en Haïti.

Pour faire face à cette problématique, il est impératif de mettre en place des stratégies de prévention et d'intervention adaptées à la réalité haïtienne. Cela inclut la sensibilisation à la santé mentale, l'éducation sur les signes précurseurs du suicide, la formation des professionnels de la santé et des éducateurs pour repérer et soutenir les jeunes en détresse, et l'amélioration de l'accès aux services de santé mentale. Il est également essentiel de renforcer les réseaux de soutien social pour les jeunes en Haïti. Cela peut être réalisé en favorisant la communication ouverte et le dialogue familial, en encourageant la création d'espaces sécurisés où les jeunes peuvent exprimer leurs émotions et leurs difficultés, et en développant des programmes communautaires visant à promouvoir le bien-être psychosocial des jeunes. Enfin, il est primordial de travailler à améliorer l'accès aux services de santé mentale en Haïti. Cela implique de renforcer les infrastructures de santé mentale, de former davantage de professionnels qualifiés et de veiller à ce que les services de soutien psychologique soient accessibles et abordables pour les jeunes haïtiens.

En agissant de manière collective et coordonnée, en mettant en place des politiques et des programmes appropriés, nous pouvons prévenir le suicide chez les jeunes haïtiens et leur offrir le soutien dont ils ont désespérément besoin. En protégeant leur vie, nous construisons un avenir meilleur et plus sain pour la jeunesse d'Haïti.

 

Philogène Bernadin, Psychologist

Student in Master of Neuroscience & Psychology at Tomsk State University in the Russian Federation.

Téléphone+50937176232

Email : philogenebernadin@yahoo.fr

Date : 9/06/2023

 

 

 

 

 

  1. Jutras, S., Roberge, N., & Verret, C. (2018). Suicidality among Haitian youth: Exploration of risk and protective factors. Journal of Youth Studies, 21(4), 516-533.
  2. Dumesle, M., Koulibaly, P. M., Ba, C., Dessources, N., Desrosiers, A., & Dube, M. (2016). Familial risk factors for suicide attempts: A family study of Haitian youths. Journal of Black Psychology, 42(2), 111-131.
  3. Pierre, G., Sherraden, M. S., & Snell, W. E. (2019). Impulsivity and suicidality among Haitian high school students: The role of future orientation. Journal of Black Psychology, 45(3), 175-194.
  4. Bonhomme, M., Adrien, L., Blaise, S., Limage, L., & Pierre, E. (2017). Trauma and suicidal behaviors among Haitian youth: The mediating role of depression and hopelessness. Journal of Black Psychology, 43(1), 41-57.
  5. Joseph, D., Roberts, G., & Gueorguieva, R. (2020). Family factors and suicide ideation among Haitian adolescents. Journal of Black Psychology, 46(3-4), 187-210.

 

Wednesday, June 7, 2023

L'impact du travail domestique sur le développement social des enfants : Une analyse psychologique

 L'impact du travail domestique sur le développement social des enfants : Une analyse psychologique

Introduction

Le travail domestique, lorsqu'il est assumé par les enfants, soulève des interrogations sur son impact sur leur développement social. Dans cet article, nous examinerons l'influence psychologique de la participation précoce des enfants aux tâches ménagères et ses conséquences sur leur développement social. Bien que les enfants puissent acquérir des compétences pratiques et apprendre les responsabilités à travers le travail domestique, il est important de comprendre les effets potentiels sur leur socialisation, leurs compétences sociales et leur estime de soi.

Le rôle du travail domestique dans la socialisation précoce

Le travail domestique offre aux enfants l'opportunité d'apprendre des rôles et des responsabilités au sein de la famille. Ils acquièrent des compétences pratiques telles que la cuisine, le nettoyage et la gestion du temps. Cela peut renforcer leur estime de soi en leur donnant un sentiment de contribution et de valeur au sein de la famille (Weisner, 2002). De plus, les tâches domestiques peuvent contribuer à la transmission des normes et des attentes familiales, renforçant ainsi le lien intergénérationnel.

Impact sur les compétences sociales

Cependant, il est essentiel de considérer les conséquences possibles sur le développement social des enfants. Des recherches suggèrent que le travail domestique excessif peut limiter le temps disponible pour les activités sociales et récréatives, ce qui peut entraver le développement de compétences sociales (Nepomnyaschy, Magnuson & Berger, 2012). Les enfants qui passent beaucoup de temps à effectuer des tâches ménagères peuvent avoir moins d'opportunités d'interagir avec leurs pairs, ce qui peut affecter leur capacité à développer des compétences telles que la communication, la résolution de problèmes et la coopération.

L'importance de l'équilibre

Il est crucial de trouver un équilibre entre le travail domestique et les activités sociales pour les enfants. Les parents et les responsables doivent veiller à ce que les tâches ménagères ne surchargent pas les enfants et ne compromettent pas leur bien-être et leur développement social. Encourager les enfants à participer de manière équilibrée aux tâches ménagères tout en préservant du temps pour les activités sociales et récréatives peut favoriser un développement social sain.

Conclusion

Le travail domestique peut avoir un impact significatif sur le développement social des enfants. Alors qu'il peut contribuer à l'acquisition de compétences pratiques et renforcer les liens familiaux, un travail domestique excessif peut limiter les opportunités d'interactions sociales et entraver le développement des compétences sociales. Il est crucial pour les parents, les responsables et la société dans son ensemble de trouver un équilibre entre le travail domestique et les activités sociales, afin de soutenir un développement social sain chez les enfants.

Philogene Bernadin, Psychologue

 

References

Weisner, T. S. (2002). Ecocultural understanding of children's developmental pathways. Human Development, 45(4), 275-281.

Nepomnyaschy, L., Magnuson, K., & Berger, L. M. (2012). Child care and work-family balance for low-income families. The Future of Children, 22(2), 65-85.

Hill, N. E., & Torres, K. (2010). Negotiating the American dream: The paradox of aspirations and achievement among Latino students and engagement between their families and schools. Journal of Social Issues, 66(1), 95-112.

Suitor, J. J., Sechrist, J., & Pillemer, K. (2006). Within-family differences in mothers' support to adult children. Journal of Gerontology: Social Sciences, 61(1), S10-S17.

Desmette, D., & Ginet, M. (2002). Gender differences in the effects of anticipated multiple roles on career achievement. Sex Roles, 47(1-2), 77-88.